Le temps s’est échappé à vive allure et Sylvie nous manque déjà. Mais nous espérons sa présence grâce à Skype pour le prochain atelier lecture du vendredi 12 avril prochain…
Où se tiendra-t-il ? Chez Dorothée, notre hôtesse pour les prochains ateliers de la saison 2018-2019…
Nous parlerons d’« Harjunpää et le prêtre du mal », un roman policier écrit par Matti Yrjänä Joensuu en 2003. L’auteur est inspecteur divisionnaire à la brigade criminelle d’Helsinki comme son héros récurrent, Timo Harjunpää.
Son oeuvre riche et dense est composée d’une douzaine de romans policiers. Son personnage principal est dépressif et sans illusion sur la nature humaine, mais empreint d’humanité et de compassion.
« À Helsinki, prendre le métro devient de plus en plus dangereux. Quand on retrouve le cadavre d’un homme pris sous une rame, le premier réflexe des policiers est de penser à un suicide. Mais l’inspecteur principal Timo Harjunpää n’y croit pas. Pour lui, pas de doute, il s’agit d’un crime prémédité et méthodique…
Alors qu’il s’active, à l’abri d’un local désaffecté perdu dans le réseau ferré de la capitale finlandaise, un illuminé se prend pour le prophète d’une divinité tellurienne en l’honneur de qui il doit commettre des sacrifices. La prochaine victime est déjà choisie…
Pris dans une course sanglante contre la montre, Harjunpää arrivera-t-il à déjouer les maléfices du prêtre du mal ? »
Joensuu distille dans ce roman une ambiance désagréable qui progressivement nous enveloppe au fil des pages, un peu à la manière de certains thrillers américains.
Usagers dépressifs du métro, prenez le tram, vous êtes prévenus !
Le deuxième roman au programme de l’atelier d’avril est « En même temps, toute la terre et tout le ciel » de Ruth Ozeki, une écrivain et réalisatrice américaine née dans le Connecticut, d’un père américain et d’une mère japonaise.
« Entre réalité et imaginaire, une rencontre littéraire bouleversante entre deux femmes en quête d’identité. Puisant dans la tradition des » I-Novels » japonais, un roman à tiroirs empreint de questionnements métaphysiques, mais aussi humanistes et écologiques, auquel se mêle une troublante réflexion sur le temps, le langage, la méditation et l’Histoire.
Dans la lignée de Murakami, un bijou littéraire original, à la fois profond et plein d’humour, intime et universel.
Baie Desolation, Colombie britannique, Canada, 2011 Écrivain privée d’inspiration, Ruth découvre sur une plage un sac abandonné. Sans doute un des multiples restes du tsunami de 2011, qui s’échouent régulièrement sur les plages canadiennes. Mais ce sac cache bien des secrets : à l’intérieur, un bento Hello Kitty qui renferme un journal intime, reprenant la couverture originale de À la recherche du temps perdu, mais aussi un vieux carnet et quelques lettres illisibles.
Piquée par la curiosité, Ruth entreprend de résoudre l’énigme et de traduire le journal. Elle découvre l’histoire de Nao Yasutani, adolescente japonaise de seize ans. Dans l’univers feutré de leur maison canadienne, Ruth et son mari, Oliver plongent dans l’intimité d’une jeune fille déracinée qui, après une enfance passée dans la Silicon Valley, a dû regagner Tokyo, sa ville natale, terre inconnue dont elle ne maîtrise pas les codes.
Un retour brutal, le début du calvaire pour Nao : humiliée par ses camarades, la jeune fille se réfugie un temps chez son arrière-grand-mère, Jiko, fascinante nonne zen de 104 ans, ancienne anarchiste féministe, qui vit dans un temple près de Fukushima. Là, Nao apprend à être attentive à l’instant présent, à écouter les fantômes. Celui de son grand-oncle, Haruki Ier.
Nao va mieux, jusqu’à ce jour tragique à l’école. Privée de tout lien avec ses parents, la jeune fille dérive de nouveau. Au risque de se perdre complètement… À des milliers de kilomètres, Ruth n’a qu’une obsession : sauver Nao. Mais comment la retrouver ? De quand date ce journal ? Ce peut-il que la jeune fille ait disparu, emportée par le tsunami ? »
16h30, au chaud dans le café Carusel, je regarde par la baie vitrée la mer grise, les vagues soulevées par le vent qui aspergent la digue au loin et la neige mouillée qui tombe en cette fin d’après-midi du dimanche 17 mars..
Certes, les korvapuusti de Carusel sont excellentes, mais dans le gris ambiant de ce weekend qui, du point de vue météorologique, fait déjà partie du printemps, j’ai soudain un violent désir d’été et de tartes aux myrtilles, souvenir de Finlande bien sûr, mais également souvenir de cueillettes mémorables sur le mont Lozère !
Alors pourquoi ce titre de « tarte aux myrtille finno-normande » ?
Parce que la pâte de la tarte que je réalise ici en Finlande est basée sur une recette familiale normande et que le fond de tarte, lui, utilise un ingrédient magique typiquement finlandais. Quant aux myrtilles, en cette saison, c’est forcement du surgelé, « findus » bien sûr 🙂
La pâte à tarte
Quand j’étais petit, ma curiosité gourmande m’amenais à surveiller avec amour, le processus de fabrication des repas que ma mère préparaient, et particulièrement les desserts, cela va de soi !
À cette époque, le lait était du vrai lait de vache, frais du jour et non-transformé ni pasteurisé. Il était livré dans une bouteille de verre consignée, avec juste une capsule d’aluminium sertie pour la fermer.
Au bout de quelques heures, la crème se déposait au sommet de la bouteille à large col. Du printemps à l’été, quand l’herbe est luxuriante, il n’était pas rare que ma mère récupére plus d’un centimètre d’épaisseur de crème en haut du goulot.
Elle la mettait dans un pot prévu à cet effet, et au bout de quelques jours, il y en avait suffisamment pour faire une pâte à tarte, aux pommes, bien sûr, car j’habitais en Normandie. Cette pâte n’est ni brisée ni sablée, mais intermédiaire, une recette secrète de grand-mère, transmise de génération en génération…
La fin de la vente du lait entier non pasteurisé en bouteille de verre a sonné le glas à la récupération de la crème de lait pour ma mère, mais finalement, celle vendue liquide, à 36 g de matière grasse, a par la suite fait parfaitement l’affaire en remplacement. Ouf !
Ma mère, comme un maître pâtissier professionnel, refusait d’écrire ses recettes et d’en donner les mesures précises. Les normands en général ne sont guère prolixes ! À force d’expérience, elle savait ajuster le volume de farine et de crème en fonction de leurs qualités, pour obtenir la pâte idéale..
Mais elle m’a donné deux indices cruciaux : la pâte doit être très peu pétrie pour ne pas devenir élastique et doit être limite collante au doigt.. Avec ces indices, j’ai réussi à trouver le poids de farine qui correspond le mieux au mélange avec 20 cl de crème liquide à 36 g de matière grasse : 210 à 220 grammes de farine !
Les derniers indices cruciaux pour la pâte, c’est l’absence de sucre, une pincée de sel et la présence de 10 g de levure chimique pour l’aérer et la lever. C’est tout !
Le fond de tarte
Dans la recette initiale de la tarte aux pommes de ma mère, il n’y avait pas de fond de tarte. Mais avec les myrtilles, c’est nécessaire, ne serait-ce que pour adoucir l’acidité naturelle des fruits.
L’ingrédient idéal mystère que j’ai découvert par essais et erreurs est 250 g de « maitorahka » un fromage blanc finlandais dont le processus de fabrication est « chauffage et acidification de lait de vache ».
Cela ressemble étrangement à de la « brousse » égouttée, fabriquée à partir de lait de vaches chauffé et coagulé au vinaigre qu’à du fromage blanc standard peu égoutté, dont la coagulation lactique est obtenue avec de la présure.
Il est important, en France, d’utiliser de la brousse, car le fromage blanc ordinaire ou le yaourt contiennent trop d’eau et le rendu sera beaucoup trop « liquide », notamment avec des myrtilles surgelées.
Le premier ingrédient pour solidifier le fond de tarte est un œuf entier auquel on ajoute 100 g de sucre avant d’y introduire le maitorahka. On peut, par mesure de sûreté, y ajouter un deuxième solidifiant, avec une cuillère à café de farine de maïs ou de pomme de terre.
Les myrtilles
L’idéal, ce sont 500 à 600 g de myrtilles fraîches que l’on a cueilli soit même.. ou pas 😉 . Avec les myrtilles surgelées, il faut avoir la patience de les faire dégeler totalement et de bien les égoutter, quitte à perdre un peu de jus, mais à gagner en « solidité » de l’ensemble.
Un saupoudrage de sucre en poudre (ou glace) sur le dessus des myrtilles sera parfait pour terminer le travail de préparation avant l’enfournage.
La cuisson
La pâte n’est pas précuite et la tarte enfournée entière. La durée et la température dépendent tellement du four qu’il faut procéder parfois à des ajustements pour que la pâte du fond soit assez cuite et les bords non brûlés.
En règle générale, dans un four à chaleur tournante à 200 °C, la durée est proche de 35 minutes.
A vous d’essayer ! 🙂
Recette
Pâte
215 g de farine de blé type 45
20 cl de crème liquide à 36 g de matière grasse
10 g de levure chimique
1 pincée de sel
Fond de tarte
250 g de maitorahka ou brousse égoutée
1 œuf
100 g de sucre en poudre
1 cuillère à café de farine de maïs ou de pomme de terre
À l’est d’Helsinki, Kallahdenniemi est une grande péninsule située près de Vuosaari. Avec ses réserves naturelles (Natura 2000), ses hautes forêts de pins, ses belles plages de sable aux eaux peu profondes et ses prairies naturelles, Kallahdenniemi est un des joyaux verts cachés d’Helsinki.
La péninsule est reliée au continent par une étroite crête, Kallahti esker – une formation fluvio-glaciaire se présentant sous la forme d’une crête allongée. C’est une réserve naturelle depuis 1973 qui abrite des forêts lumineuses de pins géants de plus de 150 ans, grâce à son sol sablonneux.
Le terrain serpente et rencontre lentement la mer ouverte de chaque côté avec une vue sur les belles plages et le port de plaisance de Kallahti. Les zones aquatiques entourant la péninsule de Kallahdenniemi, ainsi que la prairie côtière de Kallahdenniemi font partie du réseau des sites naturels de l’UE.
La plage de Kallahdenniemi est une belle et grande plage de sable entourée de dunes de sable. Les eaux ici sont très peu profondes, faisant de cette plage un endroit très populaire et familial pendant les mois d’été.
À la pointe de la péninsule, le vaste pré naturel est le résultat du rebond post-glaciaire. La prairie est apparue au cours des deux cents dernières années ! Autrefois, la pointe de la péninsule de Kallahdenniemi – Kuningartar, la Reine – était une île séparée. Les îlots voisins ont des noms compatibles comme Prinssi – Le Prince, Prinsessa – La Princesse et Voirasia – le beurrier ? 😉
Nous avons fini notre périple hivernal au chaud dans le café-restaurant Monami, situé dans une magnifique et grande maison en bois. Ambiance et cadre super, avec un lounas à 8,50 € ! Ce café est situé à 5 minutes à pied du métro « Rastila », juste avant le terminus de « Vuosaari ».
Le peintre tchèque František Kupka est un pionnier de l’art abstrait. Son œuvre est décrite comme étant une poésie de la couleur.
L’exposition du musée Ateneum (22.2.2019 – 19.5.2019) offre une chronologie rare de l’histoire de l’art, avec l’évolution de l’œuvre de Kupka, du portrait traditionnel vers l’art abstrait.
Réalisée avec la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais de Paris et de la Galerie Nationale de Prague, elle est partitionnée en dix périodes représentatives.
Prague – Vienne – Paris
En 1892, Kupka s’installe à Vienne afin de poursuivre ses études. Son séjour suscite chez lui un intérêt pour la philosophie, la littérature, l’astronomie, l’anatomie, la chimie et les sciences de la vie, ainsi que pour l’occultisme.
Lorsque qu’il s’installe à Paris en 1896, il gagne sa vie principalement en tant qu’illustrateur, mais il travaille également en tant que médium. Kupka s’intéresse à la recherche sur le développement de la race humaine et les théories de l’évolution.
Critique sociale – Kupka, l’illustrateur
František Kupka crée un grand nombre de dessins et illustrations pour des magazines et des livres français : illustrations d’actualité et dessins satiriques qui commentent la vie et la politique de l’époque.
Il s’inspire de ses propres opinions politiques et de ses contacts avec les milieux anarchistes et libéraux de Paris et Prague. Les illustrations de journaux étant reproductibles sans limite, elles sont parfaites à l’idéal de Kupka qui prône un art accessible à tous et démocratique.
Motifs archaïques, personnes des rues
Lorsqu’il abandonne son travail d’illustrateur, Kupka commence à remettre en question l’approche figurative de la peinture. Il étudie les éléments fondamentaux de la composition et explore les rendus géométriques de formes naturelles.
Dans la série intitulée Gigolettes (1908-1910), Kupka utilise comme modèle les prostituées et les souteneurs parisiens, décrivant les sujets contemporains de manière archaïque et stylisée. La manière dont les figures sont représentées rappelle les fresques des palais crétois et minoens.
Le tournant – Les touches de piano, Le lac, 1909
Cette peinture est un tournant pour Kupka. Les touches de piano, Le lac combine des éléments figuratifs et abstraits.
Dans le coin inférieur, les doigts d’un pianiste tapotent sur des touches noires et blanches qui commencent à flotter dans un lac scintillant. La surface réfléchissante de l’eau semble palpiter à cause de la puissance de la musique, et les touches du piano relient les ondulations au paysage coloré au-dessus duquel des groupes de personnes se promènent.
Les motifs verticaux du tableau reviendront dans les années à venir dans l’œuvre de Kupka. Ils constituent un élément clé de ses peintures non figuratives et géométriques.
Le paysage en haut de l’image et les touches du piano en bas nous informe que ce n’est pas la réalité, mais bien une vision évoquée par la musique. Cette œuvre de transition marque son cheminement vers l’art abstrait.
Les surfaces et les couleurs
Comment peindre le mouvement, la couleur et la lumière ? Kupka s’oriente vers un style de plus en plus simplifié. Il étudie la lumière, les formes géométriques, les surfaces et les couleurs, mais aussi le corps humain. Il utilise sa femme et sa belle-fille comme modèles.
Kupka réalise un très grand nombre d’études sur la manière de représenter le mouvement. La musique est l’une des sources d’inspiration les plus importantes pour lui, les teintes jaune et orange pour représenter les gammes majeures, les bleus et les verts pour les mineures.
L’art musical
Kupka était fasciné par la dynamique entre l’espace, le temps et le mouvement et leur représentation visuelle. Dans ses études de 1909 à 1912, il explore la représentation du mouvement de nombreuses façons. Au Salon d’automne de 1912 à Paris, Il déclare que son objectif est de créer des œuvres visuelles construites comme une fugue de Bach.
Dans ses peintures, les zones de couleur chaudes et froides alternent et les structures en forme de spirale et ellipse créent une sensation de mouvement continu.
Kupka étudie également la lumière colorée filtrant à travers les vitraux des cathédrales médiévales ce qui transparaît dans sa série comportant des verticales.
Le pouvoir de l’abstraction
František Kupka emploie dans son œuvre deux types de formes abstraites: des motifs verticaux répétitifs et des formes tourbillonnantes avec des variations abondantes. Les formes tourbillonnantes suggèrent le mouvement et les verticales, l’immobilité.
L’architecture est une forme d’art importante pour Kupka.Il s’en inspire dans ses peintures, une réalité abstraite construite d’éléments de forme artificielle. Il est tout autant inspiré par les intérieurs de cathédrales gothiques baignés par la lumière des vitraux que par les phénomènes physiques.
Formes et couleurs
Dans de nombreuses œuvres, la couleur et la forme sont présentées par paire. La forme du bleu est un motif de diagonales nettes, alors que la forme de l’orange est entièrement consacrée aux formes organiques et douces.
Vers 1925, Kupka abandonne les formes tourbillonnantes et commence à étudier les formes triangulaires, qu’il appela diagonales. Le triangle était pour lui une forme dynamique, associée au profil d’un homme qui marche. Beaucoup de ses peintures contiennent des formes et des dimensions kaléidoscopiques.
La machine esthétique
La plupart des tableaux peint entre 1925 et 1935 sont dans le style « machinisme ». Kupka s’inspire des machines et des usines situées près de son atelier à Puteaux, mais aussi des rythmes du jazz. Ces œuvres représentent une forme de retour à la représentation de la réalité.
Les peintures de Kupka contiennent désormais des éléments mécaniques modernes qui donnent une idée du mouvement régulier et déterminé des machines, symbole de modernisation et d’utopie sociale à l’époque.
Simplicité et abstraction
Dans les années 1940, František Kupka entame une nouvelle période qui aboutit à une abstraction de plus en plus radicale et qui repose désormais presque exclusivement sur des formes géométriques. Il est revenu sur un thème antérieur, l’étude des diagonales et des formes verticales.
Dans les œuvres de sa dernière période, Kupka recherche encore plus nettement une harmonie dans la simplicité en jouant avec les forces opposées de la masse et du vide, verticales et horizontales.
N.B. Ce texte est un résumé du document de l’exposition
J’ai beaucoup apprécié cette exposition qui retrace l’évolution de la peinture de František Kupka. Elle est très complète et dispose de nombreuses toiles majeures, venant de collections privées et de musées, notamment français.
Il ne reste plus que deux ateliers (12 avril, 10 mai) avant le début des vacances scolaires finlandaises et le dernier au début des vacances, le 7 juin.
Nous avons ajouté au programme d’avril et mai un deuxième roman. Le principe n’est pas forcement de lire les deux ouvrages, mais d’avoir la possibilité d’en lire au moins un, notamment si l’un des romans ne nous inspire pas du tout. C’est mieux que de rester chez soi 😉
Le programme du 7 juin sera défini lors du prochain atelier d’avril. Réfléchissons également à celui de l’atelier lecture pour la prochaine période 2019-2020. C’est le moment de faire des propositions de livres qui nous ont plu.
Ne pas oublier le principe : disponibilité en langue française, disponibilité en version numérique et/ou accessibilité avec Helmet.fi. Un seul livre papier qui circule peut prendre plus de 6 mois pour faire le tour du groupe 😉
Programme 2018-2019
12.04.19 : Matti Yrjänä Joensuu, Harjunpää et le prêtre du mal Ruth Ozeki, En même temps, toute la terre et tout le ciel
10.05.19 : Patrice Carlen Helmer, Mai 68, elles m’aimaient ! Michel Houellebecq, La possibilité d’une île
Amos Rex présente les œuvres du groupe d’artistes Studio Drift d’Amsterdam. Film, sculpture et installations, l’exposition explore le principe à partir duquel tous les êtres vivants évoluent : des entités uniques s’attachant à des contextes plus vastes.
Drifter (2017 -2019)
La pièce maîtresse de l’exposition est Drifter, une vision utopique d’un monolithe en béton flottant silencieusement dans l’air. Le classique littéraire Utopia de Thomas More a été l’inspiration clé de cette oeuvre, une société où tout peut être construit avec l’aide d’un matériau malléable.
Toutes les œuvres présentées dans l’exposition sont liées visuellement et conceptuellement par un module en forme de bloc aux proportions 1: 1: 2. Ce bloc est l’un des systèmes artificiels les plus efficaces: il est par nature modulaire, comme un pixel, et pratiquement tout peut être construit avec.
Le Drifter est un symbole des systèmes humains. le bloc est grand, lourd et rigide sur le sol, mais une fois en l’air, il semble plus naturel, se libérant de la gravité et permettant de se déplacer, comme tous les êtres vivants.
Drifters, le film (2017)
Drifters est une collaboration entre Studio Drift – Lonneke Gordijn et Ralph Nauta – et le cinéaste néerlandais Sil van der Woerd. Le film de onze minutes tourné dans les Highlands écossais raconte l’histoire visuelle d’une entité isolée à la recherche de son origine et de sa raison d’être.
Dans le film, un bloc de béton massif aux mêmes proportions que dans le Matérialism, Fragile Future et Drifter, émerge d’un lac des Highlands. Le bloc est rejoint par d’autres blocs, tous sur un chemin instinctif pour trouver une connexion et faire partie d’un plan plus vaste.
La forme artificielle qui dérive dans les airs contraste fortement avec l’environnement naturel écossais et perturbe notre compréhension de la gravité et de l’apesanteur. L’œuvre crée une juxtaposition incongrue entre l’humanité représentée par le bloc de béton et la nature.
Fragile Future III (2009/2019)
Chaque année, Studio Drift cueille des milliers de pissenlits dans les champs entourant Amsterdam. Des graines individuelles sont ensuite collées sur des lampes à LED connectées à des circuits électriques en bronze qui forment la sculpture lumineuse de Fragile Future.
En plus d’être une affirmation contre la production de masse et la culture du jetable, ce travail exigeant en main-d’œuvre est une exploration de la façon dont un système naturel connecté à un système artificiel pourrait fonctionner.
Modulaire par nature, le potentiel d’expansion de l’œuvre est illimité. Les modules forment un circuit électrique qui s’adapte à son environnement et transmet de l’énergie aux pissenlits connectés au système. Il offre une infinité de possibilités de connexion et de mise en forme, inspiré par les systèmes hautement adaptables de la nature.
Materialism (2018-)
Matérialism est une série de sculptures réalisées à partir d’objets décomposés en leurs composants matériels les plus élémentaires. Les objets de fabrication courante sont étudiés de manière très physique en les séparant et en inversant le processus de production.
La fonction de objets produits tend à masquer leur matérialité. À travers ce processus, Studio Drift vise à rétablir la connexion de l’objet à la Terre et à ses ressources malheureusement finies.
Le but de Studio Drift avec Matérialism est de faire prendre conscience des matériaux nécessaires aux objets qui nous entourent. Peuvent-ils être plus précieux que l’objet lui-même ?
Studio Drift est une heureuse surprise, qui s’intègre très bien à l’exposition Magritte. Nous avons passé plus de deux heures à Amos Rex pour parcourir avec plaisir ces deux expositions.
P.S. : Ce texte est un résumé libre de la documentation de l’exposition
Arrivés à 10 h 45, nous rentrons dans le musée à son ouverture à 11 h, il n’y a pas de réelle attente pour l’exposition d’Amos Rex.
L’exposition est construite autour de la conférence du peintre René Magritte (1898-1967), « La Ligne de Vie », qu’il a donné à Anvers en 1938. Il y a révélé ses méthodes de travail et ses motivations artistiques, une expérience picturale qui vise à comprendre « l’énigme associée à l’homme ».
Alors inconnu du grand public, Magritte explique comment il rend l’objet quotidien inquiétant. Il développe également les idées présentées dans un texte illustré de 1929, intitulé « Les mots et les images », qui constitue une sorte de guide d’utilisation de sa peinture.
Il revient enfin au principe des « affinités électives », une nouvelle méthode d’exploration de la réalité consistant à réunir deux objets ou concepts liés, mais dont la rencontre produirait un impact visuel.
Les œuvres exposées à Amos Rex donnent une vue à multiples facettes de l’évolution du processus de son travail à différentes périodes. Malgré tout, Magritte a toujours refusé d’expliquer ses œuvres.
Œuvres abstraites et pré-surréalistes (-1925)
Les peintures de René Magritte vers 1920, à la fin de ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, montrent différentes influences esthétiques : néo-cubistes, futuristes ou abstraites.
Mais il s’ennuie de cette recherche et de ces théories esthétiques. Il n’hésite pas à détruire certaines peintures de cette époque ou à les réutiliser. Il se marie avec Georgette Berger, en juin 1922 après avoir terminé son service militaire, une « expérience éprouvante ».
Premières œuvres surréalistes (1926-1930)
En 1924, une photo d’un tableau du peintre italien Giorgio de Chirico, « Le Chant de l’amour » bouleverse Magritte. Il va alors s’efforcer de reproduire un « dépaysement » et un mystère. En s’éloignant par la suite du travail de Chirico, il va placer « l’idée au-dessus de la forme ».
Magritte fonde le groupe des surréalistes bruxellois avec E.L.T. Mesens, René Magritte, Louis Scutenaire, André Souris et Paul Nougé. Les critiques démolissent sa première exposition à la Galerie Le Centaure à Bruxelles en 1927 où il présente soixante tableaux.
Malgré ces critiques, Magritte attire l’attention d’un petit cercle de collectionneurs. Il décide de tenter sa chance à Paris en s’installant en banlieue à Perreux-sur-Marne avec Georgette et son frère.
Les Mots et les Images » (1927-1930)
À Perreux-sur-Marne, Magritte produira un quart de ses œuvres. Les célèbres « Mots et Images », notamment « La trahison des images » avec la célèbre inscription « Ceci n’est pas une pipe », datent de cette époque et sont considérées comme une contribution essentielle à l’art du XXe siècle.
Dans ces peintures, la différence entre la représentation d’un objet et le mot qui y fait référence donne lieu à un nouveau sens dans l’esprit du spectateur. Il publie son approche « Mots et images », en décembre 1929 dans le N°12 de la revue La Révolution surréaliste.
« Un objet n’est pas tellement attaché à son nom que l’on ne peut pas en trouver un autre qui convienne mieux », a déclaré le peintre, suggérant que « Un mot ne sert parfois qu’à se désigner ».
Affinités électives (1930-1940)
La crise économique de 1929 précipite le retour de Magritte à Bruxelles. Il est contraint de passer son temps aux « Travaux imbéciles » comme il les appelle, fondant l’agence de publicité Studio Dongo avec son frère Paul.
Dans un style plus soigné et une palette plus variée qu’à l’époque de Perreux-sur-Marne, Magritte cherche les affinités qui existent entre des objets familiers – oiseau et œuf, arbre et feuille, chaussure et pied, alors qu’avant, ce choc était causé en réunissant deux objets sans rapport.
Les titres de ses peintures sont donnés collectivement avec ses collègues surréalistes, chacun faisant de son mieux pour s’attaquer aux problèmes soulevés par les œuvres du peintre. Au cours de la même période, il commence à subvertir ou à créer des objets, tels que des bouteilles peintes et des sculptures en plâtre.
Période Renoir (1943-1947)
Pour compenser le climat sinistre de la seconde guerre mondiale et pour démontrer que les questions abordées dans sa peinture ne sont liées à aucun style en particulier, Magritte entreprend de changer radicalement sa manière de peindre.
Avec la palette de couleurs et la technique des impressionnistes il va créer les œuvres surréalistes de sa « période Renoir ». Par cette manière, il veut « conduire la poésie au soleil ». Magritte s’éloigne de cette technique « impressionniste » fin 1947.
« Il s’agit à proprement parler d’un défi : à partir d’images de joie, obtenir un effet troublant réservé jusqu’alors pour des images terribles et sombres et affirmer ainsi le droit de l’homme de donner au monde le sens qu’il souhaite. » (Louis Scutenaire, Avec Magritte, 1977).
Période Vache (1948)
En 1948, Magritte se lance dans la création d’une extraordinaire série de tableaux pleins de couleurs, inspirés du fauvisme. Comme il a souffert du manque de reconnaissance de son travail à Paris, lui et son ami Louis Scutenaire décident de se moquer des parisiens à sa première exposition personnelle, Galerie du Faubourg à Paris.
Les peintures de cette « période Vache » sont exécutées dans le but de choquer. S’inspirant de la littérature populaire et des bandes dessinées, Magritte crée entre mars et avril 1948, un ensemble d’images humoristiques, parfois vulgaires, dans un style complètement nouveau.
L’objectif est atteint. L’exposition est très mal reçue et les surréalistes français dirigé par André Breton la rejette en bloc. C’est un acte profondément libérateur pour Magritte.
L’art de la ressemblance (1948-1967)
De 1948 à 1967, René Magritte revient à son style pictural classique et poursuivi l’exploration de l’objet. Le but est toujours d’évoquer le « mystère du monde » en utilisant les objets les plus familiers.
Magritte développe le concept d’hypertrophie et introduit la pétrification d’objets. Au sein d’une même image, il réconcilie les contraires et les combine en harmonie, défiant parfois les lois de la gravité.
Les vingts dernières années de sa vie lui apportent un succès international. Bien que son travail n’ait commencé à être apprécié en Belgique qu’à partir du milieu des années 50, les États-Unis ont reconnu son talent à la fin des années 1940 grâce à Alexander Lolas, son nouveau revendeur.
Magritte triomphe en 1965 lorsque le prestigieux Museum of Modern Art de New York lui offre sa propre exposition solo. La collaboration avec Lolas durera jusqu’à sa mort, en 1967 et au-delà, avec la création d’une série de sculptures en bronze inspirées de ses peintures. Magritte n’a eu que le temps d’en effectuer les moulages et de signer les cires.
Une très belle exposition, avec des œuvres en provenance de nombreux musées et de collections privée. Et une surprise sympathique nous attend à la fin de l’exposition Magritte…
L’exposition Studio Drift vient d’ouvrir ce mercredi 6 mars. Elle est accessible jusqu’au 19 mai. A ne pas rater ! Cliquez pour voir l’article.
P.S. : Ce texte est un résumé libre de la documentation de l’exposition
L’école à repris et nos chères têtes blondes (ou pas) libèrent nos matinées et début d’après midi ! 🙂
C’est l’occasion parfaite pour reprendre en douceur nos escapades du mercredi, je suis en manque 😉 , et je vous propose de visiter l’exposition Magritte à AmosRex, mercredi 6 mars, rendez-vous à 10h45 devant le musée.
Avis aux cinéphiles : il vous reste encore jusqu’à dimanche inclus (le 17 février donc) pour profiter du Festival du film francophone en ligne MyFrenchFilmFestival.
Pour 8 euros, vous pourrez voir une douzaine de longs métrages et les nombreux courts métrages sont gratuits.
Les films sont récents, mis à part le cultissime Mauvais sang de Leos Carax.
Le jury composé de 5 cinéastes francophones a réussi sa sélection, à mon avis …
À partir d’aujourd’hui 8 février et jusqu’au 19 mai 2019, Amos Rex présente les œuvres du peintre belge René Magritte (1898-1967). Magritte est considéré comme l’une des figures majeures du surréalisme.
Le surréalisme est un mouvement de l’art, de la littérature et du cinéma qui a connu sa plus grande influence entre les deux guerres mondiales. Il est né en réaction au réalisme et au cubisme avec pour signification littérale d’« être au-dessus du réel ».
Le mouvement a été initié par le poète français André Breton, Salvador Dali et Joan Miró comptent parmi les plus célèbres peintres surréalistes.
L’exposition d’Amos Rex met l’artiste au centre de ses préoccupations : elle est construite autour de la conférence « Life Line » de Magritte, donnée à Anvers en 1938. Ce fut l’une des rares occasions où cet artiste insondable a révélé ses méthodes de travail et ses motivations artistiques.
Les œuvres exposées donnent une vue à multiples facettes de l’évolution du processus de travail de Magritte à différentes périodes. Le programme complémentaire de l’exposition sur cet artiste également cinéphile s’étend au grand écran de Bio Rex, avec la série des films muets « Fantômas » de Louis Feuillade.
Tous les lundis à partir de 17h jusqu’au 11 Mars, avec textes français et sous-titres anglais. Les projections sont incluses dans le prix d’entrée du musée.
11 février 2019, 17h : Fantômas I: À l’ombre de la guillotine, 1913, 58 min
18 février 2019, 17h : Fantômas II: Juve contre Fantômas, 1913, 64 min
25 février 2019, 17h : Fantômas III: Le Mort qui Tue, 1913, 95 min
4 mars 2019, 17h : Fantômas IV: Fantômas contre Fantômas, 1914, 61 min
11 mars 2019, 17h : Fantômas V: Le Faux Magistrat, 1914, 75 min